2023, l'année la plus chaude dans le Grand-Est

Depuis le début des relevés météorologiques, jamais le Grand-Est n'avait connu une année aussi chaude. 2023 y devance 2022 et 2020, que ce soit en Champagne-Ardenne, en Lorraine ou en Alsace. La région se démarque donc un peu, puisqu'à l'échelle nationale 2023 se classe deuxième derrière 2022.

Voyons ce qui caractérise 2023, dans le Grand-Est, sur le plan des températures. Observons les températures moyennes et les écarts aux normes de neuf stations réparties sur l'ensemble du territoire, et comparons-les à celles du reste de la France.


L'année 2023 a été, sans grand doute, l'année la plus chaude jamais observée à l'échelle du globe. La NOAA (l'agence américaine en charge entre autres de l'étude du climat) estimait, en décembre dernier, cette probabilité à plus de 99 %.

En France, si 2023 a bien été l'une des années les plus chaudes que l'hexagone ait connu, elle ne devrait toutefois pas dépasser 2022. En effet, selon un bilan publié par Météo France à la fin du mois de novembre, 2023 devrait fort probablement occuper, en France, la deuxième place au classement des températures moyennes annuelles les plus élevées.

Comme on le voit, un fait, observé à l'échelle globale, n'exclut pas l'existence de situations plus ou moins différentes à des échelles plus locales (comme la France).

Alors, qu'en est-il en Grand-Est ? Contrairement à la moyenne nationale, 2023 y a-t-elle été l'année la plus chaude jamais observée ? En utilisant les relevés de températures et autres données disponibles, il est possible d'apporter une réponse à cette question.


Comment mesurer la température moyenne du Grand-Est ?

Pour calculer une température moyenne à l'échelle du globe, la NOAA utilise des relevés de températures effectués dans un réseau de stations réparties à travers le monde. Il en va de même pour Météo France, qui utilise un indicateur thermique national, basé sur un échantillon de trente stations.

Pour déterminer une moyenne globale à l'échelle de la région Grand-Est, il faut d'abord déterminer un échantillon de stations qui vont représenter ce territoire. Elles devront être réparties sur ce territoire de la manière la plus régulière possible, de sorte que la moyenne de leurs relevés puisse constituer un climat "moyen" de la région.

Parmi les trente stations de l'indicateur thermique de Météo France, trois font partie de la région Grand-Est (Strasbourg-Entzheim, Nancy-Essey et Reims-Prunay). Toutefois, pour gagner en pertinence, on pourrait agrandir cet échantillon à neuf stations, offrant ainsi une meilleure couverture de la région :


2023, année record dans l'ensemble de la région, ou presque…

Calculons ensuite la température moyenne pour chaque station sélectionnée. Pour cela, nous utiliserons les bulletins climatiques mensuels produits par Météo France et disponibles librement sur leur site de données publiques. Pour le mois de décembre, ce dernier n'étant pas encore disponible dans la base de données de Météo France, nous utiliserons le site Meteociel.fr, qui reprend les relevés de nombreuses stations météos en France (dont les stations "officielles").

On compare ensuite 2023 avec 2022, année la plus chaude jamais enregistrée en Lorraine et en Alsace, ainsi qu'avec 2020, année la plus chaude enregistrée en Champagne-Ardenne. Ce qui nous donne le tableau suivant, où la température moyenne annuelle est la moyenne des minimums et maximums journaliers pour l'ensemble de l'année :

2023 est donc l'année la plus chaude enregistrée en Grand-Est, et ce quelque soit l'échantillon utilisé (limité aux trois stations de l'indicateur thermique de Météo France, ou élargi aux neuf stations sélectionnées plus haut). En moyenne, sur les neuf stations, 2023 devance 2022 de 0,15 °C et 2020 de 0,25 °C.

L'ensemble de la région voit 2023 occuper la première place. C'est vrai à la fois pour l'Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Seule Saint-Dizier se distingue, avec 2020 comme année la plus chaude, mais l'écart de 0,02 °C est vraiment très faible.


Les mois d'automne et d'hiver fortement excédentaires

Pour savoir en quoi les températures de 2023, en Grand-Est, se sont distinguées de la moyenne nationale, on peut comparer leurs écarts aux normales climatiques (moyennes calculées sur une période de trente ans, et représentant un climat moyen en un endroit donné).

On forme tout d'abord deux groupes, l'un composé de huit stations du Grand-Est sélectionnées plus haut (la station de Reims-Prunay n'ayant été ouverte qu'en 2012, elle ne dispose pas de normales 1991-2020, ce qui nous oblige à l'exclure de la sélection), et l'autre de onze stations réparties de manière équilibrée sur le territoire français (Bordeaux, Brest, Caen, Clermont-Ferrand, Lille, Lyon, Nantes, Nice, Paris, Perpignan et Toulouse).

On calcule ensuite, pour chaque station et pour chaque mois de l'année, l'écart entre la température observée en 2023 et la norme 1991-2020. On calcule les écarts aux normes moyens pour chacun des deux groupes, et on dresse le tableau suivant :

Sur la base des moyennes de ces échantillons, on peut dire que l'année 2023 a été, dans son ensemble, environ 1,6 °C supérieure aux normales 1991-2020 en Grand-Est, contre environ 1,4 °C supérieure pour le reste de la France.

On constate qu'en Grand-Est, tous les mois, sauf avril (avec un déficit de 0,75 °C), ont été au-dessus des normes. Les mois de printemps, d'été et d'automne y ont eu des excédents thermiques très proches de ceux du reste de la France. L'automne y a donc été remarquablement excédentaire, et l'été dopé par un mois de juin exceptionnellement chaud. La grande différence avec la moyenne française se situe au niveau des trois mois d'hiver, dont les écarts aux normes y ont été plus marqués. C'est particulièrement vrai pour le mois de janvier, avec un excédent d'environ 1,5 °C supérieur à celui de la moyenne nationale.


Le nord-est de la France plus excédentaire ?

Il n'y a pas que dans le Grand-Est que 2023 a battu son ancien record. Ainsi, parmi les onze stations sélectionnées pour représenter le "reste de la France", 2023 a été plus chaude que 2022 à Lille (12,69 °C contre 12,66 °C), à Clermont-Ferrand (13,99 °C contre 13,81 °C) et à Caen (12,76 °C contre 12,5 °C).

La région Bourgogne-Franche-Comté présente un écart entre 2023 et 2022 similaire à celui de la région Grand-Est. La moyenne des relevés des stations de Dijon-Longvic, Besançon et Nevers-Marzy indique que 2023 y a devancé 2022 de 0,17 °C. 2023 y présente d'ailleurs un écart aux normes 1991-2020 supérieur à celui de la région Grand-Est (+1,74 °C contre +1,63 °C).

L'échantillon choisi pour représenter l'ensemble du territoire français est trop petit pour bien appréhender les différences régionales (pour des raisons pratiques, il a été réduit à onze stations). Mais on peut tout de même penser que c'est probablement dans le nord-est de la France que 2023 a présenté les excédents aux normes les plus importants.


Les données utilisées pour effectuer les différents calculs proviennent toutes du site de données publiques de Météo France, à l'exception des relevés pour décembre 2023, qui proviennent du site Meteociel.frCes données sont répertoriées dans le tableau suivant :


Sources :

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